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 Un copain de la Compagnie de Navigation Mixte me fait avoir quatre places sur le pont d’un paquebot de cette compagnie. J’y embarque ma mère, ma Femme et mes deux enfants âgés de 9 et 11 ans, je reste sur place. Les places de bateaux ou d’avions sont rares, les navires sont plus que pleins. Si je n’avais pas eu des amis dans les compagnies maritimes, j’aurai eu bien du mal à faire évacuer ma famille. Beaucoup de Pieds-Noirs ne sont partis qu’après le référendum, du fait qu’il n’y avait plus de place disponible.

Devant notre voûte, je voie des officiers de l’armée Française, honteux de la conduite de leur hiérarchie. Ils attendent, avec quelques dizaines de Harkis, le moment d’embarquer. Avec leur argent, ils leur ont payé le voyage. S’ils restent là, ils seront tués.

Le 30 juin 1962, la veille du référendum qui ne servira à rien, beaucoup de Pieds-Noirs sont déjà partis. Comment faire entendre sa voix quand on est un million contre six millions ?... Il y a tellement de répression, des vols et des mises à sac partout… Je ne dors même plus chez moi, mais, chez un copain avec d’autres amis. Tout les soirs, je retire une pièce du carburateur de la voiture de notre société pour ne pas qu’on nous la vole. Deux fois, je retrouve la voiture au milieu de la route, la porte forcée. Ils essaient de la faire démarrer en la poussant, sans résultat.

J’ai déménagé tous mes meubles, achetés d’occasion à mon voisin je les entreposés dans un dépôts de notre société. Je ne les reverrai plus. J’ai même été assez bête pour aller régler les trois dernières mensualités qu’il me rester à payer sur l’achat de ma télévision et les trois ou quatre mois de loyer que je devais. Enfin, me voilà tranquille, je ne dois plus rien à personne.

Le 30 juin, avec mes deux collègues de travail, on embarque sur un cargo de la société navale Caennaise, à destination de Marseille. On va traverser la Méditerranée, dans un car qui a été posé sur le pont du navire, au dessus de la cale. De là, on voit Algériens, avec beaucoup de camions,  procéder au pillage de fond en comble, des hangars maritimes.

 

 

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