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 Deux Beaux-Frères. L’un deux a fait la guerre d’Indochine, il a été blessé et amputé d’une jambe. Il a une jambe de bois.

Le lendemain, l’on me refait monter au commissariat, il là une dizaine d’Algériens, habillés en soldat. Il y en a un qui me dit : Tu vas être libéré… On fait venir les deux Beaux-frères et l’on nous fait monter à l’arrière d’une Jeep abandonnée par l’armée Française. Devant, il a le chauffeur et un pseudo militaire, habillé en soldat, avec sa mitraillette braquée sur nous.

On arrive dans une cour et on nous fait descendre. Je descend, l’un des deux autre fait pareil, le troisième essaye aussi, mais, avec sa jambe de bois, il a du mal a y arriver. Aussi sec, le Pseudo-Militaire lui balance une rafale dans le ventre. L’handicapé tombe au sol, l’autre lui balance une autre rafale. Je ne te dis pas, la panique !... Maintenant… Ils braquent leurs armes sur nous.

On nous fait remonter dans une autre Jeep et l’on emmène au commissariat central où l’on nous incarcère à nouveau dans une cellule. Ce n’est pas mieux, mais, apparemment, je suis passé dans des mains officielles. Le lendemain, à travers les barreaux de la grille, je vois Alihouêt, un copain d’enfance, il s’était engagé dans l’armée Française et fait l’Indochine, il avait été élevé au grade de capitaine. J’allai l’appeler pour qu’il m’aide… mais, je suis pris d’un doute. Un Algérien, capitaine de l’armée Française, encore habillé en militaire français, c’est bizarre. Il aurait du être abattu par le F.L.N… Il a donc du coopérer avec eux. Je ne dis rien, je me planque au fond de la cellule. Avais-je raison ou pas ? Qui sait ?... Va savoir !... Au bour de quelques jours, on me transporte à Maison-carrée, là où je suis né, dans une prison.

Et là, c’est l’horreur ! On est une centaine, dans une seule salle, environ une cinquantaine d’Algériens et autant de Pieds-Noirs. Avec, en tout et pour tout, un matelas par terre, pour chacun de nous. Au fond il a trois waters à la turque, sans porte, et deux ou trois robinets. Tous les gars ont des bleus, de la tête aux pieds. Certains ont même des os cassés, surtout ceux des doigts de la main. Et moi… Je n’ai vraiment pas de chance. Mon cousin, qui a le même nom et prénom que moi, a été gardien dans cette prison. Va t’en les persuader que ce n’était pas moi.

Le soir, des Algériens déguisés en trouffions, pénètre dans la salle et s’amusent à nous battre à grand coups de crosses. Tu en prends partout, dans les bras, les mains, le dos, la tête, les jambes. Quand je les voies rentrer, je me mets au coin du mur, souvent le coup atterrit sur le mur, ce qui l’amortie, avant de ricocher sur moi.

 

 

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