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Le monsieur, qui parlait avec ma Grand-mère, s’est excusé et a demandé à son collègue 

D’aller chercher la différence. Là, ma Grand-mère lui a demandé qu’ils apportent deux autres petits camions.

- Il en manque, je vous le payerai.

- Dîtes à votre fils qu’il m’appelle s’il en veut encore.

- Non ! Cela ne regarde pas mon fils. C’est moi qui le commande. C’est moi qui le payerai

  Et, moi, jusqu'à ce jour, je n’ai volé personne.

- Tu as entendu ? Va chercher trois camions pour la petite dame.

 

Entre temps, ma Grand-mère m’avait envoyé chercher son sac. Elle le paya en liquide.

Quand ils furent parti, j’ai dit à ma Grand-mère que cela en faisait de trop, et, que déjà,

il y en avait plein sur la route...

- Va chercher ton frère ! Prenez les pelles et la brouette, et au boulot !...

Elle nous fit travailler comme des dingues, pour étaler la terre au fond du jardin.

Mais elle avait, elle aussi, prit la pelle.

 

Mon frère et moi l’avions baptisé, depuis longtemps, ‘TARTINE MARIOLLE ‘

comme un personnage de nos bandes dessinées, qui, comme elle, avait un chignon.

 

Elle n’avait peur de rien, et pas mal de force.

Nous l’avons même vu, à plusieurs reprises, se jeter entre des hommes qui se bagarraient, pour les séparer. La première fois, je devais avoir cinq ans, nous étions au square.

Quatre ou cinq jeunes gens, sur un banc, faisaient beaucoup de bruit. Par curiosité, on s’est approché. Ils jouaient à la (1) MORRA. (Pierres, feuilles, ciseaux)  

Soudain ils se sont mit à crier :

- Sale tricheur

- Non ! J’ai gagné !

Puis, ils se sont empoignés et ont commencé à se battre.

 

Tout à coup, ma Grand-mère nous a attrapé par les bras et dit d’aller plus loin.

Elle s’est précipitée au milieu de la mêlée en criant :

- Tu n’as pas honte ? Tu frappes ton frère !

- C’est pas mon frère, c’est un tricheur !

- Non ! J’ai gagné ! Poussez-vous Mémère, je vais le tuer.

 

Ma Grand-mère était entre les deux, toute petite, ils faisait une tête de plus qu’elle.

Mon frère m’a regardé en secouant sa tête... J’ai eu très peur ce jour-là.

Mais elle continuait à leur parler.

- Si ton ami avait des ennuis, tu ferais quoi ?... Je suis sur que tu l’aiderais !

Les jeunes se calmèrent, ils la regardèrent, attentif, en hochant la tête.

- Allez ! Serrez-vous la main.

Ils obéirent, puis l’un des deux fit une bise à ma Grand-mère, aussitôt imité par les autres.

Mais revenons à la jeunesse de Pura. En classe, un jour la mère supérieure leur demanda de calculer combien un paysan avait gagné après avoir vendu ses légumes.

« A Morra » (en retard ) est une sorte de papier-ciseaux mediterranéens qui se joue de la façon suivante :

Les deux joueurs se tiennent face à face un poing fermé devant eux. Au signal, chaque joueur ouvre sa main en levant autant de doigts qu’il veut ( de 0 à 5 donc) en annonçant un chiffre ( de 0 à 10). On marque des points quand le chiffre annoncé correspond au total des doigts montrés.